Quelques temps après la naissance de mon premier enfant, j’ai eu envie de sortir de la bulle de la maternité, et de retrouver mes amies de toujours pour savoir où nous en sommes de nos choix, nos désirs et nos doutes. Je leur ai donc proposé de partir quelques joursensemble.
Au fil de la route et des paysages traversés ensemble, j’ai compris que l’une d’entre elles avait besoin de sortir du silence et de la sidération, qu’elle cherchait à retrouver la mémoire et mettre des mots sur des violences subies et jusque-là jamais exprimées.
Des violences dont elle n’avait aucun souvenir, aucune image nette.
Bouleversée, faire un film est rapidement devenu une nécessité parce que mon travail de cinéaste prenait là tout son sens : révéler l’intime comme un acte politique, pour le transcender, pour nous toutes. Alors, en écho à son récit, mon film cherche à déceler comment chacune de nous s’est emparée de son histoire et comment nos mémoires continuent de travailler les évènements de notre adolescence.
De baignades sauvages, en virée nocturne, le récit s’étire sur plusieurs années au fil des évènements de nos vies et de divers moments de retrouvailles.
Comme une araignée, je tisse les fils de nos souvenirs : je recueille une parole et fabrique de nouvelles images qui rendent visible tout ce que l’on ne s’est pas encore dit.